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JE FEUILLETTE MES VIEUX BOUQUINS, mes ALBUMS, cartes postales et photos diverses et variées

27 mars 2019

CHANSON DANS LE SANG (Jacques PREVERT)

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde

où s'en va-t-il tout ce sang répandu

est-ce la terre qui le boit et qui se saoule

drôle de soûlographie alors

si sage ... si monotone ...

Non la terre ne se saoule pas

la terre ne tourne pas de travers

elle pousse régulièrement sa petite voiture  ses quatres

saisons

la pluie ... la neige ...

PREVERT 001

la grêle ... le beau temps ...

jamais elle n'est ivre

c'est à peine si elle se permet de temps en temps

un malheureux petit volcan

Elle tourne la terre

elle tourne avec ses arbres...ses jardins... ses maisons ...

elle tourne avec ses grandes flaques de sang

et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent...

Elle elle s'en fout

la terre

elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler

elle s'en fout

elle tourne

elle n'arrête pas de tourner

et le sang n'arrête pas de couler ...

Où s'en va-t-il tout ce sang répandu

le sang des meurtres... le sang des guerres...

le sang de la misère...

et le sang des hommes torturés dans les prisons ...

le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman...

Et le sang des hommes qui saignent de la tête

dans les cabanons...

et le sang du couvreur...

quand le couvreur glisse et tombe du toit

Et le sang qui arrive et qui croule à grands flots

avec le nouveau-né... avec l'enfant nouveau...

la mère qui crie... l'enfant pleure...

le sang coule... la terre tourne

la terre n'arrête pas de tourner

le sang n'arrête pas de couler

Où s'en va-t-il tout ce sang répandu

le sang des matraqués... des humiliés...

des suicidés... des fusillés... des condamnés...

et le sang de ceux qui meurent comme ça ... par accident

Dans la rue passe un vivant

avec tout son sang dedans

soudain le voilà mort

et tout son sang est dehors

et les autres vivants font disparaître ce sang

ils emportent le corps

mais il est têtu le sang

et là où était le mort

un peu de sang s'étale encore ...

sang coagulé

rouille de la vie rouille des corps

sang caillé comme le lait

comme le lait quand il tourne

quand il tourne comme la terre

comme la terre qui tourne

avec son lait ... avec ses vaches ...

avec ses vivants... avec ses morts ...

la terre qui tourne avec ses arbres ... ses vivants... ses maisons ...

la terre qui tourne avec les mariages ...

les enterrements ...

les coquillages ...

les régiments ...

la terre qui tourne et qui tourne

avec ses grands ruisseaux de sang.

 

1936

 

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22 mars 2019

LES TOMBEAUX DE JUILLET ( DE BERANGER - 1843)

Des fleurs, enfants, vous dont les mains sont pures,

Enfant, des fleurs, des palmes, des flambeaux !

De nos Trois-Jours ornez les sépultures.

Comme les rois le peuple a ses tombeaux.

 

Charle avait dit : "Que juillet qui s'écoule

"Venge mon trône en butte aux niveleurs.

Victoire aux lis !" Soudains Paris en foule

S'arme et répond : Victoire aux trois couleurs !

 

Pour parler haut, pour nous trouver timides,

Par quels exploits fascinez-vous nos yeux ?

N'imitez pas l'homme des Pyramides :

Dans son linceul tiendraient tous vos aïeux.

 

Quoi ! d'une Charte on nous a fait l'aumône,

Et sous le joug vous voulez nous courber !

Nous savons tous comment s'écoule un trône.

Dieu juste ! encore un roi qui veut tomber.

 

Car une voix qui vient d'en haut, sans doute,

Au fond du coeur nous crie : Egalité !

L'Egalité ! c'est peut-être une route

Qu'aux malheureux ferme la royauté.

 

Marchons ! marchons ! à nous l'Hôtel de Ville !

A nous les quais ! à nous le Louvre ! à nous !

Entrés vainqueurs dans le royal asile,

Sur le vieux trône ils se sont assis tous.

 

Qu'un peuple est grand qui, pauvre, gai, modeste,

Seul maître, après tant de sang et d'efforts,

Chasse en riant des princes qu'il déteste,

Et de l'Etat garde à jeun les trésors !

 

Des fleurs, enfants, vous dont les mains sont pures ;

Enfants, des fleurs, des palmes, des flambeaux !

De nos Trois-Jours ouvrez les sépultures

Comme les rois le peuple a ses tombeaux.

 

Des artisans, des soldats de la Loire,

Des écoliers s'essayant au canon,

Sont tombés là, vous léguant leur victoire,

Sans penser même à nous dire leur nom.

 

A ces héros la France doit un temple.

Leur gloire au loin inspire un saint effroi.

Les rois, que trouble un aussi grand exemple,

Tout bas ont dit : "Qu'est-ce aujourd'hui qu'un roi ?

 

Voit-on venir le drapeau tricolore ?

Répètent-ils, de souvenirs remplis.

Et sur leur front ce drapeau semble encore

Jeter d'en haut les ombres de ses plis.

 

En paix, voguant de royaume en royaume,

A Sainte-Hélène en sa course il atteint.

Napoléon, gigantesque fantôme,

Paraît debout sur ce volcan éteint.

 

A son tombeau la main de Dieu l'enlève.

"Je t'attendais, mon drapeau glorieux.

"Salut !" Il dit, brise et jette son glaive

Dans l'Océan, et se perd dans les cieux;

 

Dernier conseil de son génie austère !

Du glaive en lui finit la royauté.

Le conquérant des sceptres de la terre

Pour successeur choisit la Liberté.

 

Des fleurs, enfants, vous dont les mains sont pures,

Enfants, des fleurs, des palmes, des flambeaux !

De nos Trois-Jours, ornez les sépultures.

Comme les rois, le peuple a ses tombeaux.

 

Des corrupteurs la faction titrée

Déserte en vain cet humble monument ;

En vain compare à l'émeute enivrée,

De nos vengeurs le noble dévoûment.

 

Enfants, en rêve ont dit qu'avec les anges

Vous échangez, la nuit, les plus doux mots.

De l'avenir prédisez les louanges,

Pour consoler ces âmes de héros.

 

Dites-leur : Dieu veille sur votre ouvrage.

Par nos erreurs ne vous laissez troubler.

Du coup qu'ici frappa votre courage,

La terre encore a longtemps à trembler.

 

Mais dans nos murs fondrait l'Europe entière,

Qu'au prompt départ de vingt peuples rivaux,

La liberté naîtrait de la poussière

Qu'emporteraient les pieds de leurs chevaux.

 

Partout luira l'égalité féconde.

Les vieilles lois errent sur des débris.

Le monde ancien finit ; d'un nouveau monde

La France est reine, et son Louvre est Paris.

 

A vous enfants, ce fruit des Trois-Journées

Ceux qui sont là vous frayaient le chemin.

Le sang français, des grandes destinées

Trace en tout temps la route au genre humain.

 

Des fleurs, enfants, vous dont les mains sont pures,

Enfants, des fleurs, des palmes, des flambeaux !

De nos Trois-Jours, ornez les sépultures.

Comme les rois, le peuple a ses tombeaux.

 

Pierre-Jean de Béranger, né le 19 août 1780 à Paris, et mort dans cette même ville le 16 juillet 1857, est un chansonnier français prolifique qui remporta un énorme succès à son époque

...Béranger apporte la poésie dont ont besoin ceux qui ont déserté la cause royale.

22 mars 2019

LE VIEUX VAGABOND (DE BERANGER)

Dans ce fossé, cessons de vivre,

Je finis vieux, infirme et las.

Les passants vont dire : Il est ivre ;

Tant mieux ! ils ne me plaindront pas.

J'en vois qu détournent la tête ;

D'autres me jettent quelques sous.

Courez vite ; allez à la fête.

Vieux vagabond, je puis mourir sans vous.

 

Oui, je meurs ici de vieillesse,

Parce qu'on ne meurt pas de faim.

J'espérais voir ma détresse

L'hôpital adoucir la fin.

Mais tout est plein dans chaque hospice,

Tant le peuple est infortuné !

La rue hélas ! fut ma nourrice .

Vieux vagabond, mourons où je suisn né.

 

Aux artisans, dans mon jeune âge,

J'ai dit : Qu'on m'enseigne un métier.

Va, nous n'avons pas trop d'ouvrage,

Répondaient-ils, va mendier.

Riches, qui me disiez : Travaille.

J'eus bien des os de vos repas ;

J'ai bien dormi sur votre paille.

Vieux vagabond, je ne vos maudis pas.

 

J'aurais pu voler, moi pauvre homme ;

Mais non : mieux vaut tendre la main.

Au plus, j'ai dérobé la pomme

Qui mûrit au bord du chemin.

Vingt fois pourtant on me verrouille

Dans les cachots, de par le roi.

De mon seul bien on me dépouille.

Vieux vagabond, le soleil est à moi.

 

Le pauvre a-t-il une patrie ?

Que me font vos vins et vos blés,

de BERANGER 001

 

Votre gloire et votre industrie,

Et vos orateurs assemblés ?

Dans vos murs ouverts à ses armes,

Lorsque l'étranger s'engraissait,

Comme un sot, j'ai versé des larmes,

Vieux vagabond, sa main me nourrissait.

 

Comme un insecte fait pour nuire,

Hommes, que ne m'écrasiez-vous ?

Ah ! plutôt vous deviez m'instruire

A travailler au bien de tous.

Mis à l'abri du vent contraire,

Le ver fût devenu fourmi ;

Je vous aurais chéris en frère,

Vieux vagabond, je meurs votre ennemi.

de BERANGER 002

 

5 mars 2019

MARDI-GRAS... BEIGNETS ou PETS de NONNE

 

LA PARFAITE CUISINIERE 001BEIGNETS DE POMMES

Prenez de bonnes pommes de reinette ; coupez-les par tranches, ôtez les coeurs et les pépins, et faites-les mariner quelques heures dans de l'eau-de-vie, du sucre et zeste de citron.

Retirez-les, trempez-les dans une pâte composée avec farine, eau, jaunes d'oeufs et un peu d'eau-de-vie.

Faites frire d'une belle couleur, et saupoudrez de sucre.

 

Quelques heures dans l'eau-de-vie ??? Wouah ! 

 

PETS DE NONNE

Prenez une casserole et mettez dedans de l'eau ou de la crème avec sucre; beurre, fleur d'oranger et un peu de sel. 

Quand l'eau commence à bouillir ou la crème à monter, d'une main saupoudrez de farine, de l'autre tournez et allez ainsi jusqu'à ce que la pâte devienne très épaisse et soit très cuite.

Enlevez-la alors de dessus le feu et cassez dedans un oeuf, en tournant et délayant ; cassez-en un second, un troisième, et ainsi de suite, jusqu'à ce que la pâte soit maniable, et toujours en tournant et battant.

 

Votre friture étant bien chaude, prenez-en chaque fois, avec une petite cuillère, gros comme une noisette, et laissez tomber dedans en toquant sur le bord de la poële. Cette pâte se gonflera, et vous la retirerez quand elle sera de belle couleur ; vous continuerez ainsi jusqu'à ce que vous ayez tout employé.

 

LE SAVIEZ- VOUS ??

Un pet de nonne (ou pet-de-nonne) est un beignet soufflé et sucré de pâte à choux frite.

Il est également appelé « beignet de vent », « beignet venteux » ou « soupir de nonne », « pet de putain » « pet de vieille » (pet de bièillo) dans l'Aveyron

 

 Lors de la préparation d'un repas de la saint Martin, où l'archevêque de Tours devait bénir une relique du manteau du saint patron tourangeau, tout le monde s'affairait autour des fourneaux.

« Soudain, un bruit étrange et sonore, rythmé, prolongé, semblable à un gémissement d'orgue qui s'éteint, puis aux plaintes mourantes de la brise qui soupire dans les cloîtres, vient frapper de stupeur l'oreille indignée des bonnes sœurs. »

L'auteur de ce bruit, une novice de l'abbaye prénommée Agnès, gênée face à ses coreligionnaires, aurait alors chancelé malencontreusement, laissant tomber une cuillerée de pâte à chou dans une marmite de graisse chaude.

Une autre tradition donne la maternité de cette recette aux chanoinesses de l'abbaye de Baume-les-Dames, connues pour leurs spécialités pâtissières.

 

5 mars 2019

Pierre Jean de BERANGER

Pierre-Jean de Béranger naît à Paris le 19 août 1780. Jusqu’à la Révolution, il est élevé par son grand-père paternel, tailleur, rue Montorgueil. Il rejoint ensuite une tante paternelle à Péronne dans la Somme. Il y suit des études primaires, sans toutefois apprendre le latin et entre chez un imprimeur comme apprenti. Il s’initie à la poésie. De retour à Paris en 1795, il aide son père, agent d’affaires. Il écrit ses premiers poèmes. Il fréquente une académie de chanson. En 1799, républicain convaincu, il voit avec soulagement la prise du pouvoir par Bonaparte. En 1804, il envoie un courrier à Lucien Bonaparte, second frère de Napoléon, avec deux poèmes dont Le Déluge. Ce dernier le reçoit et lui accorde un traitement de membre de l’Institut. Béranger peut dès lors se consacrer pleinement à l’écriture. Fin 1813, il entre au Caveau moderne, société de chansonniers parisiens qui se retrouvent chaque semaine. Le Caveau publie chaque année un recueil de chansons de ses sociétaires, La Clé du Caveau, ce qui permet de faire connaître leurs œuvres au plus grand nombre. En 1813, Béranger est déjà connu avec Les Gueux et Le Roi d’Yvetot. Les gens les chantent dans la rue, au café. Après le retour de Louis XVIII, en 1815, Béranger se sert de la chanson comme d’une arme politique. Dès 1814, il défend la liberté d’expression dans La Censure. Il attaque la Restauration avec sa Requête présentée par les chiens de qualité, s’en prend à l’ordre jésuite dont il se moque dans Les Révérends Pères (1819). La publication de son second recueil de chansons, à la fin de l’année 1821, lui vaut un procès. On lui reproche surtout ses chansons égrillardes, qui apparaissent à l’époque antireligieuses. Il est condamné à trois mois de prison. Cette condamnation le rend encore plus populaire. Il continue d’attaquer la royauté avec Nabuchodonosor, en 1823, et Sacre de Charles le Simple, en 1825, dans lequel il ridiculise le couronnement de Charles X. Il ne cache pas par ailleurs son bonapartisme (Paillasse en 1817, Les Souvenirs du peuple en 1828).

Condamné une nouvelle fois en 1828, il passe neuf mois en prison. Victor Hugo, Alexandre Dumas, Sainte-Beuve viennent lui rendre visite. Avec la Révolution de juillet 1830, l’influence de Béranger est à son apogée. Toutefois, participant aux comités restreints qui permettent à Louis-Philippe d’accéder au trône, Béranger refuse honneurs et pensions. Désireux de conserver son indépendance et sa liberté, il refuse également d’entrer à l’Académie française.

En 1830, Pierre-Jean de Béranger écrit Les Cinq Étages. Cette chanson narre l’ascension et le déclin d’une femme légère dans un immeuble parisien. Elle naît au rez-de-chaussée et finit sa vie dans la mansarde. Chaque étage correspond à un niveau social. Les étages nobles à cette époque étant le premier et le deuxième.

Déçu par le nouveau régime, Béranger quitte Paris pour la province en 1834 avec sa compagne Judith. De retour à Paris en 1840, il refuse lors de la révolution de 1848 de siéger à la Chambre des députés. Il décède le 16 juillet 1857. Le gouvernement impérial redoute des manifestations lors de son enterrement. Celui que l’on surnommait « l’immortel Béranger » ou « le chansonnier national » est enterré dès le 17 juillet à midi, sous forte escorte militaire. Considéré comme le père de la chanson moderne, Béranger en a exploré tous les styles, de la chanson bachique à la satire, de la romance à la chanson sociale, sans oublier la chanson politique.

 

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5 mars 2019

TRINQUONS (CHANSONS DE P.J. DE BERANGE

JTrinquer est un plaisir fort sage

Qu'aujourd'hui l'on traite d'abus.

Quand du mépris d'un tel usage

Les gens du monde sont imbus,

De le suivre, amis, faisons gloire,

Riant de qui peut s'en moquer ;

Et pour choquer,

Nous provoquer,

Le verre en main, en rond, nous attaquer.

D'abord nous trinquerons pour boire,

Et puis nous boirons pour trinquer.

 

A table, croyez que nos pères

N'enviaient point le sort des rois,

Et qu'au fragile éclat des verres

Ils le comparaient quelquefois.

A voix pleine ils chantaient Grégoire,

Docteur que l'on peut expliquer ;

Et pour choquer,

Se provoquer,

Le verre en main, tous en rond s'attaquer,

Nos bons aïeux trinquaient pour boire,

Et puis ils buvaient pour trinquer.

 

L'Amour alors près de nos mères,

Faisant chorus, battant des mains,

Rapprochait les coeurs et les verres,

Enivrait avec tous les vins.

Aussi n'a-t-on pas la mémoire

Qu'une belle ait voulu manquer,

Pour bien choquer,

A provoquer,

Le verre en main, chacun à l'attaquer :

D'abord elle trinquait pour boire,

Puis elle buvait pour trinquer.

 

Qu'on boive aux maîtres de la terre,

Qui n'en boivent pas plus gaiment ;

Je veux, libre par caractère,

Boire à mes amis seulement.

Malheur à ceux dont l'humour noire

S'obstine à ne point remarquer

Que pour choquer,

Se provoquer,

Le verre en main, tous en rond s'attaquer,

L'Amitié, qui trinque pour boire,

Boit bien plus encor pour trinquer !

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